Mon apprentissage politique

Mon choix de tenter une aventure politique indépendante fut posé après une première expérience politique, au sein du parti Debout la France. Cette expérience me permit de découvrir, de façon plus ou moins profonde, la réalité du fonctionnement de la sphère « médiatico-politique ».

J’ai découvert Debout la France et Nicolas Dupont Aignan lors de ma première participation à un meeting politique, celui des « Amoureux de la France », au Chesnay, à l’été 2018. J’avais participé à ce meeting car je cherchai alors à mieux comprendre en quoi consistait la vie politique, mais aussi la « nature » de la France.

Mon parcours étudiant et professionnel ne m’avait donné à voir que la « matrice », la structuration scientifique et économique du monde. J’avais beau savoir qu’il y avait autre chose, de plus essentiel, dans la vie, je peinais à le trouver dans l’offre politique qui me laissait un sentiment de vide. J’avais lu à cette époque un livre de Denis Tillinac, Du Bonheur d’Être Réac, qui – malgré son aspect volontairement provocateur, ou peut-être à cause de lui – m’avait donné un aperçu de la façon dont les questions d’identité, loin d’être un « relent du passé », étaient essentielles pour vivre pleinement l’aspect esthétique et émotionnel au quotidien.

Je commençai ma thèse quelques mois après ce meeting. Ce fut l’occasion pour moi d’approfondir ces questions qui m’apparaissaient alors confusément. L’affermissement de mes convictions renforcèrent aussi mon envie de m’engager, ce que je fis après le premier confinement en rejoignant, bénévolement, les équipes de Debout la France 18 mois avant le lancement de la campagne de 2022.

Ce choix de rejoindre Nicolas Dupont-Aignan, est moins dû à une convergence de ligne politique (bien qu’il s’agisse d’un élément important) qu’à une profonde affinité avec sa façon de faire de la politique : ancrage territorial, courage de ses convictions, volonté de ne pas se laisser enfermer dans un rôle et de se remettre en question… Dans une période marquée par des scandales de tout poil, son intégrité était également un argument de poids. Davantage que tout cela, Debout la France me semblait rompre avec les travers des partis et de leur « régime de malheur » : manque de conviction, basses tactiques politiciennes et quête aveugle du pouvoir. J’y voyais un témoignage rendu à la liberté de l’homme dans un « système » qui tendait à la nier et misait, au contraire, sur ses plus bas instincts : instinct de conservation, goût du pouvoir, appât du gain ou des avantages…

Malgré cela, Debout la France n’échappe pas au « régime des partis ». Son incapacité à s’en extraire totalement explique certainement ses échecs électoraux et sa marginalité médiatique. J’ai pu m’en rendre compte au moment d’élections, notamment législatives, mais aussi avant les élections européennes de 2024. Les élections permettent au parti d’exister, tant médiatiquement que financièrement. Dès lors, la participation aux élections devient un moyen de faire vivre le parti, et non « la rencontre entre un homme et le peuple », qui devrait rester la réalité de toute élection, locale ou nationale. Ainsi, Debout la France tentait de maximiser le nombre de candidats envoyés à chaque élection – sans souci pour leurs qualités ou chances réelles d’élections – afin de maximiser les subventions reçues. Un mode de gestion similaire à celui prévalant dans les plus gros partis, ne permettant pas de de développer une façon plus humaine et ancrée de faire de la politique.

Par ailleurs, pour fabriquer « l’opinion », les médias imposent les termes du débat en poussant les partis à se prononcer sur des questions définies d’avance, empêchant toute forme originale de réflexion d’accéder à l’espace public. Il est d’autant plus difficile de s’extraire du cadre qu’ils imposent que, dans bien des cas, il relève de biais dont les journalistes n’ont pas conscience. Le risque est évidemment de méprendre cette étroitesse d’esprit pour de la mauvaise foi, et d’adopter une posture trop agressive. C’est pourquoi il est nécessaire, pour apporter de réels changements à la vie politique française, d’avoir non seulement une vision originale et pertinente, mais également les capacités d’empathie et de pédagogie pour la faire accepter non pas aux français, mais aux élites dont le système actuel est l’horizon cognitif difficilement dépassable.

En d’autres termes, une véritable rupture avec le « régime des partis » ne consiste pas en la création d’un parti plus marginal, mais en adoptant une posture, un mode d’être et d’agir différent de celui qui prévaut dans les partis. Rompre avec le « régime des partis » consisterait à faire passer les relations personnelles et humaines avant les options idéologiques, qui ne sont que des modes d’expressions très imparfaits de ce vers quoi l’on tend. Cela consisterait également à rompre avec la politique du chiffre (notamment pour les élections) au profit d’une démarche favorisant la qualité des hommes et des femmes qui portent l’action. Enfin, cela suppose d’essayer d’utiliser les médias comme un moyen non pas de « propager » ses idées, en d’autres termes de formater l’opinion des récepteurs, mais comme lieu d’un véritable dialogue propre à favoriser la compréhension.

Après avoir, durant 6 ans, mené un travail solitaire qui m’a permis d’aboutir à un cadre général, une « vision » d’ensemble de la France et de ses institutions – en particulier l’État – commence le travail de construction collective de construction d’un projet de nature à décliner cette vision.

Laisser un commentaire